Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

secrétaire Chapman et du domestique Edwards. L’un d’eux, Chapman, à force de patience, avait réussi à détendre un peu son bâillon, et poussait de petits grognements sourds. L’autre semblait dormir.

On les délivra. Gourel s’inquiétait.

— Et M. Kesselbach ?

Il passa dans le salon. M. Kesselbach était assis et attaché au dossier du fauteuil, près de la table. Sa tête était inclinée sur sa poitrine.

— Il est évanoui, dit Gourel en s’approchant de lui. Il a dû faire des efforts qui l’ont exténué.

Rapidement, il coupa les cordes qui liaient les épaules. D’un bloc, le buste s’écroula en avant. Gourel l’empoigna à bras-le-corps, et recula en poussant un cri d’effroi :

— Mais il est mort ! Tâtez… les mains sont glacées, et regardez les yeux !

Quelqu’un hasarda :

— Une apoplexie, sans doute… ou une rupture d’anévrisme.

— En effet, il n’y a pas de trace de blessure… c’est une mort naturelle.

On étendit le cadavre sur le canapé, et l’on défit ses vêtements. Mais, tout de suite, sur la chemise blanche, des taches rouges apparurent, et, dès qu’on l’eut écartée, on s’aperçut que, à l’endroit du cœur, la poitrine était trouée d’une petite fente par où coulait un mince filet de sang.

Et sur la chemise était épinglée une carte.

Gourel se pencha. C’était la carte d’Arsène Lupin, toute sanglante elle aussi.