Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/445

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
“813”
435

me trouvera devant lui, campé, face à face. J’ai tous les atouts en main… Valenglay marchera pour moi !… L’Angleterre aussi… la partie est jouée… Voilà mon rêve… Il en est un autre…

Il se tut subitement. Dolorès ne le quittait pas des yeux, et une émotion infinie bouleversait son visage.

Une grande joie le pénétra à sentir une fois de plus, et si nettement, le trouble de cette femme auprès de lui. Il n’avait plus l’impression d’être pour elle… ce qu’il était, un voleur, un bandit, mais un homme, un homme qui aimait, et dont l’amour remuait, au fond d’une âme amie, des sentiments inexprimés.

Alors, il ne parla point, mais il lui dit, sans les prononcer, tous les mots de tendresse et d’adoration, et il songeait à la vie qu’ils pourraient mener quelque part, non loin de Veldenz, ignorés et tout-puissants.

Un long silence les unit. Puis, elle se leva et ordonna doucement :

— Allez-vous-en, je vous supplie de partir… Pierre épousera Geneviève, cela je vous le promets, mais il vaut mieux que vous partiez, que vous ne soyez pas là… Allez-vous-en, Pierre épousera Geneviève…

Il attendit un instant. Peut-être eût-il voulu des mots plus précis, mais il n’osait rien demander. Et il se retira, ébloui, grisé, et si heureux d’obéir et de soumettre sa destinée à la sienne !

Sur son chemin vers la porte, il rencontra une chaise basse qu’il dut déplacer. Mais son pied heurta quelque chose. Il baissa la tête.