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“813”

Il s’en alla.

Pierre Leduc, interdit, bouleversé, reprit le chemin du château.

En route, sur la pelouse, il vit un papier bleu. Il le ramassa. C’était une dépêche, non point chiffonnée comme un papier que l’on jette, mais pliée avec soin — visiblement perdue.

Elle était adressée à M. Meauny, nom que portait Lupin à Bruggen. Et elle contenait ces mots :

« Connaissons toute la vérité. Révélations impossibles par lettre. Prendrai train ce soir. Rendez-vous demain matin huit heures gare Bruggen. »

— Parfait ! se dit Lupin, qui, d’un taillis proche, surveillait le manège de Pierre Leduc parfait ! D’ici deux minutes, ce jeune idiot aura montré le télégramme à Dolorès, et lui aura fait part de toutes mes appréhensions. Ils en parleront toute la journée, et l’autre entendra, l’autre saura, puisqu’il sait tout, puisqu’il vit dans l’ombre même de Dolorès, et que Dolorès est entre ses mains comme une proie fascinée… Et ce soir il agira, par peur du secret qu’on doit me révéler…

Il s’éloigna en chantonnant.

— Ce soir… ce soir… on dansera… Ce soir… Quelle valse, mes amis ! La valse du sang, sur l’air du petit poignard nickelé… Enfin ! nous allons rire.

À la porte du pavillon, il appela Octave, monta dans sa chambre, se jeta sur son lit et dit au chauffeur :