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“813”

— Dolorès… Dolorès… murmura-t-il avec désespoir.

Il bondit en arrière, pantelant de terreur, les yeux hagards. Quoi ? Qu’y avait-il ? Qu’était-ce que cette ignoble impression de froid qui glaçait ses mains ?

— Octave ! Octave ! cria-t-il, sans se rappeler l’absence du chauffeur.

Du secours ! Il lui fallait du secours ! Quelqu’un qui le rassurât et l’assistât. Il grelottait de peur. Oh ! ce froid, ce froid de la mort qu’il avait senti. Était-ce possible ?… Alors, pendant ces quelques minutes tragiques, il avait, de ses doigts crispés…

Violemment, il se contraignit à regarder. Dolorès ne bougeait pas.

Il se précipita à genoux et l’attira contre lui.

Elle était morte.

Il resta quelques instants dans un engourdissement où sa douleur paraissait se dissoudre. Il ne souffrait plus. Il n’avait plus ni fureur, ni haine, ni sentiment d’aucune espèce rien qu’un abattement stupide, la sensation d’un homme qui a reçu un coup de massue, et qui ne sait s’il vit encore, s’il pense, ou s’il n’est pas le jouet d’un cauchemar.

Cependant il lui semblait que quelque chose de juste venait de se passer, et il n’eut pas une seconde l’idée que c’était lui qui avait tué. Non, ce n’était pas lui. C’était en dehors de lui et de sa volonté. C’était le destin, l’inflexible destin qui avait accompli l’œuvre d’équité en supprimant la bête nuisible.