Aller au contenu

Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
“813”

lui mettant sous le nez une paire de lunettes à branches d’or.

— Mais non… mais non… je ne porte pas de lunettes…

— Si, tu en portes quand tu vas au Crédit Lyonnais et que tu te fais passer pour M. Kesselbach. Celles-là viennent de la chambre que tu occupes, sous le nom de M. Jérôme, au numéro 5 de la rue du Colisée.

— Moi, une chambre ? Je couche au ministère.

— Mais tu changes de vêtements là-bas, pour jouer tes rôles dans la bande de Lupin.

L’autre passa la main sur son front couvert de sueur. Il était livide, il balbutia :

— Je ne comprends pas… vous dites des choses… des choses…

— T’en faut-il une que tu comprennes mieux ? Tiens, voilà ce qu’on trouve parmi les chiffons de papier que tu jettes à la corbeille, sous ton bureau de l’antichambre, ici même.

Et M. Lenormand déplia une feuille de papier à en-tête du ministère, où on lisait à divers endroits, tracés d’une écriture qui tâtonne : Rudolph Kesselbach.

— Eh bien, qu’en dis-tu de celle-là, brave serviteur ? des exercices d’application sur la signature de M. Kesselbach, est-ce une preuve ?

Un coup de poing en pleine poitrine fit chanceler M. Lenormand. D’un bond, Auguste fut devant la fenêtre ouverte, enjamba l’appui et sauta dans la cour d’honneur.

— Nom d’un chien ! cria Valenglay… Ah ! le bandit.

Il sonna, courut, voulut appeler par la