Page:Leblanc - 813, paru dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910.djvu/3

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Séparateur

Première Partie


Chapitre Premier

Un drame dans un grand hôtel



I


M. Kesselbach s’arrêta net au seuil du salon, prit le bras de son secrétaire, et murmura d’une voix inquiète :

— Chapman, on a encore pénétré ici.

— Voyons, voyons, monsieur, protesta le secrétaire, vous venez vous-même d’ouvrir la porte de l’antichambre, et, pendant que nous déjeunions au restaurant, la clef n’a pas quitté votre poche.

— Chapman, on a encore pénétré ici, répéta M. Kesselbach. Il montra un sac de voyage qui se trouvait sur la cheminée.

— Tenez, la preuve est faite. Ce sac était fermé. Il ne l’est plus.

Chapman objecta :

— Êtes-vous bien sûr de l’avoir fermé, monsieur ? D’ailleurs, ce sac ne contient que des bibelots sans valeur, des objets de toilette.

— Il ne contient que cela parce que j’en ai retiré mon portefeuille avant de sortir, par précaution… sans quoi… Non, je vous le dis, Chapman, on a pénétré ici pendant que nous déjeunions.

Au mur il y avait un appareil téléphonique. Il décrocha le récepteur.

— Allo… C’est pour M. Kesselbach… l’appartement 415… c’est cela mademoiselle, veuillez demander la Préfecture de police… service de la Sûreté… j’ai là le numéro… une seconde… ah ! voilà… c’est le numéro 822-48… J’attends à l’appareil.

Une minute après, il reprenait :

— Le 822-48 ? Je voudrais dire quelques mots à M. le chef de la Sûreté. C’est de la part de M. Kesselbach… Allo ? Mais oui, M. le chef de la Sûreté sait de quoi il s’agit. C’est avec son autorisation que je téléphone… Ah ! M. Valenglay lui-même ? M. Kesselbach… J’ai eu l’honneur, hier lundi 15 avril, de vous rendre visite… Ah ! vous vous souvenez… Eh bien, monsieur, le même fait, s’est reproduit aujourd’hui… on a pénétré dans l’appartement, que j’occupe… et je vous demande, puisque vous me l’avez offert, de bien vouloir m’envoyer un inspecteur sérieux, habile. D’après les indices, il pourra peut-être découvrir… Bien, parfaitement… Le brigadier Gourel… d’ici une heure ou deux… Merci… Le brigadier Gourel n’aura qu’à se faire indiquer l’appartement 415. Encore une fois, merci, M. Valenglay, et toutes mes excuses…


De passage à Paris, Rudolf Kesselbach, le roi du diamant comme on l’appelait — ou,