Page:Leblanc - 813, paru dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910.djvu/39

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Le chef de la Sûreté s’approcha de la fenêtre et fit un signe à deux hommes qui se promenaient dans la cour d’honneur du ministère.

Puis il revint.

— Monsieur le procureur général, ayez l’obligeance de signer un mandat d’arrêt au nom de Daileron, Auguste-Maximin-Philippe, âgé de 47 ans. Vous laisserez la profession en blanc.

Il ouvrit la porte d’entrée.

— Tu peux venir, Gourel… toi aussi, Dieuzy.

Gourel se présenta, escorté de l’inspecteur Dieuzy.

— Tu as les menottes, Gourel ?

— Oui, chef.

M. Lenormand s’avança vers Valenglay.

— Monsieur le président, tout est prêt. Mais j’insiste auprès de vous de la façon la plus pressante pour que vous renonciez à cette arrestation. Elle dérange tous mes plans ; elle peut les faire avorter, et, pour une satisfaction, somme toute très minime, elle risque de tout compromettre.

— Monsieur Lenormand, je vous ferai remarquer que vous n’avez plus que quatre-vingts secondes.

Le chef réprima un geste d’agacement, arpenta la pièce de droite et de gauche, en s’appuyant sur sa canne, s’assit d’un air furieux, comme s’il décidait de se taire, puis soudain, prenant son parti :

— Monsieur le président, la première personne qui entrera dans ce bureau sera celle dont vous avez voulu l’arrestation… contre mon gré, je tiens à bien le spécifier.

— Plus que quinze secondes, Lenormand.

— Gourel… Dieuzy… la première, personne, n’est-ce pas ? monsieur le procureur général, vous avez mis votre signature ?

— Plus, que dix secondes, Lenormand.

— Monsieur le président, voulez-vous avoir l’obligeance de sonner ?

Valenglay sonna.