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Page:Leblanc - 813, paru dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910.djvu/488

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— Oui, mais à la condition de ne pas moisir ici. Il y a une compagnie qui part pour le Maroc. J’en suis.

L’un des sous-offs ricana de nouveau.

— L’ami, s’écria l’homme, je n’aime pas qu’on se moque de moi.

Le ton était sec et autoritaire.

Le sous-off, un géant, l’air d’une brute, riposta :

— Eh ! le bleu, faudrait me parler autrement…

L’homme s’approcha de lui, le saisit par la taille, le fit basculer sur le rebord de la fenêtre et le jeta dans la cour.

Puis il dit à l’autre :

— Va-t’en.

L’autre s’en alla.

L’homme revint aussitôt vers l’adjudant et lui dit :

— Mon adjudant, je vous prie de prévenir le major que don Luis Perenna, grand d’Espagne de Français de cœur, désire prendre du service dans la légion étrangère. Allez, mon ami.

L’adjudant se leva, considéra d’un œil ahuri ce stupéfiant personnage, et le plus docilement du monde, sortit.

Alors Lupin prit une cigarette, l’alluma et, à haute voix, tout en s’asseyant à la place de l’adjudant, il prononça :

— Puisque la mer n’a pas voulu de moi, ou plutôt, puisque au dernier moment je n’ai pas voulu de la mer, nous allons voir si les halles des Marocains sont plus compatissantes. Et puis tout de même ce sera plus chic… Face à l’ennemi, Lupin et pour la France !…


Maurice Leblanc.

Fin