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ARMELLE ET CLAUDE

Une heure après, devant le feu de la grande salle, Claude, à genoux et les coudes sur les bras du fauteuil où se tenait la jeune femme, lui disait :

— Armelle, je vous aime quand vous étiez petite fille, et je pleure avec vous. Il est si troublant d’apercevoir soudain le menu personnage insouciant et naïf que l’on fut. On craint pour lui les peines qui le guettent et que l’on a subies. Dire que vous avez été une petite bonne femme à jupe courte, qui jouait à la poupée et sautait à la corde, vous, vous que j’aime, vous la grande Armelle dont j’ai un peu peur. Oh ! parlez-moi d’elle… Elle était jolie, n’est-ce pas ?

— Elle était jolie, Claude, vous avez raison de l’aimer. Voyez-vous, je ne pleure pas seulement parce que je la revois, mais parce que je la revois auprès de vous qu’elle devait aimer plus tard… Nous sommes là tous deux qui la regardons, et je ne sais pas pourquoi cela me bouleverse. Et puis, j’ai presque pitié d’elle. Je vous aime tant