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ARMELLE ET CLAUDE

une douleur, quelque chose bat au fond de nous, sensation foudroyante que l’on n’est pas seulement un être qui respire, qui mange et même qui pense… C’est la vie obscure de l’âme… Voilà ce qu’il faut chercher… Voilà les minutes précieuses et profondes qu’il faut rendre plus conscientes et plus nombreuses. Nous les ferons jaillir, nous de notre intimité. Isolées, nos âmes sont inertes et froides. Plaçons-les l’une près de l’autre, au sein de la grande âme naturelle, toujours palpitante, et alors elles s’animeront. Il en sera comme de deux pierres qui se heurtent à l’ombre. Au contact, une étincelle brille, et il y a un peu de lumière.

Il s’était exprimé très bas. Aux derniers mots sa voix s’éteignit. Dans le silence, leurs pensées continuèrent à mûrir. Les flots du dehors expiraient autour d’eux. Claude prévit le consentement de la jeune fille. Cependant elle murmura :

— Vous ne m’aimez pas ?

Il la contempla comme s’il ne devait plus