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ARMELLE ET CLAUDE

Il avait l’impression exaltante que ses paroles coulaient de lui maintenant aussi aisément que les graines de la main du semeur, et qu’elles pénétraient en Armelle comme en une terre fertile.

— Je conçois cette vie dans un cadre spécial, car il ne faut pas négliger de stimuler notre imagination à l’aide d’ornements et de décors. Je la conçois aussi solitaire que possible : comparez notre première entrevue si guindée et si fausse et l’autre, chez vous, si féconde et si franche. Enfin je la conçois près de la nature, parce que celle-ci est la source de toute vérité et de toute simplicité. C’est à elle que nous demanderons l’émotion vivifiante. Chacun de nous se doublera de l’autre pour la connaître, pour l’entendre, pour l’admirer, pour l’aimer.

Les paroles germaient, Claude en eut la conviction. La douce figure d’Armelle se détendait. Il lui dit encore :

— Écoutez… à certaines minutes de trouble causées par un spectacle, une joie,