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ARMELLE ET CLAUDE

Se livrait-elle aux mêmes sensations qu’elle avait imaginées pour lui ? Que serait-elle ? Dame charitable qui donne le gîte et la pâture au voyageur las ? Sœur affectueuse qui accueille gravement le retour de son frère ?

Plus de trois heures, ils marchèrent sans repos par les chemins vides. Un peu d’ombre mêlée au jour brouilla la silhouette des choses. Le monde merveilleux commençait à s’agiter. Au ras des arbres les fantômes de la nuit palpitaient et les petites fées bretonnes s’éveillaient dans l’invisible. Claude fut le croisé qui revient d’Orient. Vers la ville forte où les vassaux protègent l’épouse, il avance en hâte, chargé de gloire et brisé de fatigue. Quelle joie devant les rouges cheminées de rappeler ses prouesses en détirant son corps !

L’ombre s’accumula. Le vent tombé agonisait parmi les feuilles. Les bruits résonnèrent davantage, comme doublés d’échos. Les pas du cheval et de l’enfant devaient s’entendre au loin. De l’ombre encore, de l’ombre tomba en nuées lourdes, accourut