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ARMELLE ET CLAUDE

en colonnes opaques. Et soudain Claude fit un geste si brutal qu’il arrêta sa monture. Un cri de stupeur vibrait en sa gorge. Il regardait de ses yeux avides, comme on regarde un spectacle incompréhensible et magnifique.

Là-bas, au bout du chemin élargi, sur une éminence légère, se dressait, apparition prodigieuse, une muraille d’enceinte flanquée de tours, avec portes et mâchicoulis. Elle se dressait, altière et puissante, la base noyée déjà dans les ténèbres, mais les créneaux fièrement découpés dans les clartés livides de l’horizon, et précis comme les fleurons d’une couronne héraldique. Et à droite et à gauche, elle se recourbait sur elle-même en un grand cercle dentelé. Du milieu pointait un flèche d’église fine et hardie.

C’était une ville close, une cité mystérieuse et surnaturelle, fleurie là par quelque sortilège. C’était incroyable et grandiose, terrifiant et harmonieux, magique évocation d’un très vieux passé. On eût dit l’œuvre féodale d’un enchanteur. Des guerriers,