Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, 1908.djvu/129

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trefois dans cette armoire, et j’ai retrouvé notre dernier compte.

— Quel compte ?

— Celui de l’avenue Henri-Martin.

— Comment ! vous gardez ces paperasses ! À quoi bon !…

Ils s’installèrent tous trois dans un petit salon qui attenait à la rotonde par une large baie.

— Est-ce Lupin ? se dit Sholmès, envahi d’un doute subit.

Oui, en toute évidence, c’était lui, mais c’était un autre homme aussi, qui ressemblait à Arsène Lupin par certains points, et qui pourtant gardait son individualité distincte, ses traits personnels, son regard, sa couleur de cheveux…

En habit, cravaté de blanc, la chemise souple moulant son torse, il parlait allégrement, racontant des histoires dont M. Destange riait de tout cœur et qui amenaient un sourire sur les lèvres de Clotilde. Et chacun de ses sourires paraissait une récompense que recherchait Arsène Lupin et qu’il se réjouissait d’avoir conquise. Il redoublait d’esprit et de gaîté, et, insensiblement, au son de cette voix heureuse et claire, le visage de Clotilde s’animait et perdait cette expression de froideur qui le rendait peu sympathique.

— Ils s’aiment, pensa Sholmès, mais que diable peut-il y avoir de commun entre Clotilde Destange et Maxime Bermond ? Sait-elle que Maxime n’est autre qu’Arsène Lupin ?

Jusqu’à sept heures, il écouta anxieusement, faisant son profit des moindres paroles. Puis, avec d’infinies précautions, il