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PRÉFACE
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toujours inattendu, bouleversant et troublant. En vérité, Arsène Lupin est un type, un type déjà légendaire, et qui restera. Figure vivante, jeune, pleine de gaîté, d’imprévu, d’ironie. Voleur et cambrioleur, escroc et filou, tout ce que vous voudrez, mais si sympathique, ce bandit ! Il agit avec une si jolie désinvolture ! Tant d’ironie, tant de charme et tant d’esprit ! C’est un dilettante. C’est un artiste ! Remarquez-le bien : Arsène Lupin ne vole pas ; il s’amuse à voler. Il choisit. Au besoin, il restitue. Il est noble et charmant, chevaleresque, délicat, et je le répète, si sympathique, que tout ce qu’il fait semble juste, et qu’on se prend malgré soi à espérer le succès de ses entreprises, que l’on s’en réjouit, et que la morale elle-même a l’air de son côté. Tout cela, je le répète, parce que Lupin est la création d’un artiste, et parce qu’en composant un livre où il a donné libre cours à son imagination, Maurice Leblanc n’a pas oublié qu’il était avant tout, et dans toute l’acception du terme, un écrivain ! »

Ainsi parla M. Marcel L’Heureux, si bon juge en la matière et qui sait la valeur d’un roman pour en avoir écrit de si remarquables. Et me voici de son avis après avoir lu ces pages ironiquement amusantes, point du tout amorales malgré le paradoxe qui prête tant de séduction au gentleman détrousseur de ses contemporains. Certes je ne donnerais pas un prix Montyon à ce très séduisant Lupin. Mais eût-on couronné pour sa vertu le Fra Diavolo qui charma nos grand-mères à l’Opéra-Comique, au temps lointain