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PRÉFACE

On sait l’histoire de ce bandit du XVIIIe siècle qui volait les gens avec des manchettes, comme Buffon écrivait son Histoire Naturelle. Arsène Lupin est un petit neveu de ce scélérat qui faisait peur à la fois et souriait aux marquises épouvantées et séduites.

— Vous pouvez comparer, me disait M. Marcel L’Heureux en m’apportant les épreuves de l’œuvre de son confrère et les numéros où Je sais tout illustrait les exploits d’Arsène Lupin, vous pouvez comparer Sherlock Holmes à Lupin et Maurice Leblanc à Conan Doyle. Il est certain que les deux écrivains ont des points de contact. Même puissance de récit, même habileté d’intrigue, même science du mystère, même enchaînement rigoureux des faits, même sobriété de moyens. Mais quelle supériorité dans le choix des sujets, dans la qualité même du drame ! Et remarquez ce tour de force : avec Sherlock Holmes on se trouve chaque fois en face d’un nouveau vol et d’un nouveau crime ; ici, nous savons d’avance qu’Arsène Lupin est le coupable ; nous savons que, lorsque nous aurons débrouillé les fils enchevêtrés de l’histoire, nous nous trouverons en face du fameux gentleman-cambrioleur ! Il y avait là un écueil, certes. Il est évité, il était même impossible de l’éviter avec plus d’habileté que ne l’a fait Maurice Leblanc. À l’aide de procédés que le plus averti ne distingue pas il vous tient en haleine jusqu’au dénouement de chaque aventure. Jusqu’à la dernière ligne on reste dans l’incertitude, la curiosité, l’angoisse, et le coup de théâtre est