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Une horloge sonna sept heures… Alexandre se leva :

— Je vais être en retard… il faut que je m’en aille.

Il finit de s’habiller. Adrienne demanda :

— Qu’est-ce que tu décides ?

Il fut atterré. La nécessité de prendre une détermination s’imposa subitement à lui. Mais à quoi se résoudre ? Il se rassit. Ses épaules se voûtèrent. Et il marmotta, comme en réplique à lui-même :

— Non, c’est impossible…

Elle crut comprendre et l’approuva :

— Oui, tu as raison, nous ne pouvons pas vivre ensemble… Seulement, si tu veux… j’irai chez toi… de temps en temps… je tiendrai tes affaires, ton linge… on bavardera…

Son corps émergeait à moitié du lit. Sa figure trahissait une certaine angoisse. C’était son unique chance d’échapper à l’opprobe et à la solitude, et elle s’y rattachait, tremblante un peu.

Il secoua la tête :

— Ça ne se peut pas… il y a des choses, un tas de choses qui nous empêchent… des obstacles…

Elle fit un suprême effort :

— Eh bien, tu viendras, toi… quand tu auras envie… ça ne te coûtera rien… et puis… pas à craindre…

— Non, non, affirma-t-il d’un ton plus net, il vaut mieux en rester là, ça vaut