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Page:Leblanc - Ceux qui souffrent, recueil de nouvelles reconstitué par les journaux de 1892 à 1894.pdf/151

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Il éclata de rire. Mauseny marcha vers lui et fit le geste de le souffleter.


La rencontre eut lieu le surlendemain, un vingt-sept mai, dans la forêt de Fontainebleau.

Dalvène arriva le premier. Des profondeurs de bois s’enfuyaient sous la verdure sombre des arbres. Le ciel était d’un bleu tendre. Des gouttes de rosée scintillaient sur les brins d’herbe.

Il frissonna. Parmi cette herbe, bientôt il serait couché. « Bah ! se dit-il, je l’ai voulu ». Puis, l’orgueil qu’il éprouvait à l’idée de son projet si fermement conçu, si adroitement mené, le remplissait de courage. Ne fallait-il pas réaliser jusqu’au bout l’œuvre ingénieuse de son suicide ?

On aligna les deux ennemis. Dalvène attaqua vigoureusement. Mauseny perdit la tête, et, comme son adversaire exécutait le fameux coup, il allongea le bras, malgré lui, en une riposte foudroyante.

Dalvène tomba, mort.

Il laissait un testament daté de quelques mois. On l’ouvrit. Il contenait ces mots, dont la prophétie miraculeuse reste un mystère pour ceux qui les lurent :

« Je lègue ma fortune à M. de Mauseny, qui me tuera, le 27 mai prochain, dans la forêt de Fontainebleau. »