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LA RÉCONCILIATION



Ce fut une chose toute naturelle : Après deux ans de ménage, madame Delnard commit la première faute. Elle n’eut aucun remords, son mari aucun chagrin, son amant aucune fierté, ses parents et amis aucun étonnement. Elle vivait dans un monde où l’adultère est admis. Sa mère avait agi de même façon, la mère de son mari également, et toutes les femmes de son entourage lui donnaient le bon exemple. Jeune fille, elle envisageait l’avenir peuplé de différentes figures d’hommes. Pour eux, à son insu, elle prépara son corps, le chérit, le soigna.

Ses rêves se réalisèrent. Son mari obtint d’elle ce qu’il était en droit d’exiger, puis elle offrit à d’autres ce qu’elle se croyait en droit de leur accorder. Elle appartînt à des blonds et à des bruns, à de tendres jeunes gens et à des messieurs pervers.

Nulle règle ne la guidait. Certaines femmes, par indépendance, par révolte ou par hauteur d’esprit, rejette consciemment la tutelle des préjugés, de l’opinion ou de la morale et s’érigent en êtres libres, libres de cœur et de chair, affranchis des obligations ordinaires.

Elle n’obéit pas à de tels motifs. Elle subit l’influence de ses instincts, de ses