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… Jean, mon vieux domestique, me croit certes un peu fou. Cela m’amuse. C’est qu’il ne sait pas, lui ! s’il savait ! J’ai hésité à le lui apprendre. Il serait si content ! Mais je préfère être seul à savoir, et je me tais quand il me considère avec pitié, et qu’il affecte de ne jamais me contredire et même d’abonder dans mon sens.

Ainsi, hier, au moment du dîner, Fernande n’étant pas là, j’ai dit à Jean :

— Prévenez madame.

Il l’a prévenue. Et aujourd’hui, cérémonieusement, il annonçait :

— Madame est servie !


… J’avais repris l’habitude de fumer, mais décidément l’odeur du tabac l’incommode. Elle tousse. Je ne fumerai plus.


… J’ai peur… j’ai peur… ses yeux m’implorent… et puis tant de souvenirs brûlants nous attachent l’un à l’autre !… Un crime ? Mais non, puisque c’est elle…


… Fernande vient d’être malade. Sa faiblesse m’ôte toute énergie… je ne peux plus… je ne peux plus…


… Oh ! cette nuit…


… Nous ne sortons jamais, Fernande et moi… les volets sont clos… la veilleuse sommeille…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

… Partie ! En plein bonheur… Une demi journée à la chasse, tantôt, pour me dégourdir les jambes… au retour personne… ma raison s’en va…


… Je l’ai châtiée… j’ai fait mon devoir, mon devoir de justicier… Sur la place de l’église, un rassemblement m’attire… des gamins en cercle, ricanant… et au milieu… elle… accouplée… elle, en public… et si grotesque… Alors, de deux coups de fusil, je les ai tués… elle… et son amant…