Page:Leblanc - Contes Heroïques, parus dans Le Journal, 1915-1916.djvu/18

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feuille dans lequel il y avait des papiers et une liasse de billets de banque.

— Mince de fortune ! plaisanta Duvauchel. Monsieur avait de quoi s’envoyer des amers-citron à l’eau de seltz.

— Et des chopines de vin blanc, approuva Renard. Et alors ?

— Alors, dans ces cas-là, faut faire les choses en règle, comme par-devant le notaire. Tiens, voilà un crayon et du papier. Je dicte. Inscris : « Trouvé dans le portefeuille du lieutenant… (Comment s’appelle-t-il, le défunt ?) du lieutenant Lanterfeld, de Hambourg, un portefeuille avec huit billets de cinq cents marks, quatre billets de cent, dix pièces d’or, trois pièces d’argent et une montre en idem. Le tout a été pris en garde par les fantassins Duvauchel et Renard, de la deuxième du cent vingt-huitième, et sera remis par eux à leur capitaine pour être renvoyé à la famille du lieutenant Lanterfeld. » Ça y est ?

Il plia le papier et l’épingla à la tunique de l’Allemand.

— Pour qui qu’técris ça ? demanda Renard.

— Pour les uhlans, quand ils vont revenir. Faudrait pas qu’ils croient qu’on a détroussé leur galonné. Le papier est en règle, signé par deux poilus de France : ça vaut de l’or en barre.

— Et maintenant ?