Page:Leblanc - Contes Heroïques, parus dans Le Journal, 1915-1916.djvu/66

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— Rendez-vous, enfants de chienne !… À genoux, la canaille !… Ah ! vous avez cru, messieurs !… Quelle erreur fut la vôtre !… Un gentilhomme français n’a qu’une parole… À moi, comte, deux mots !… Que dis-tu, fils de Barberousse ? Et toi, Hospodar de Valachie, tu veux connaître ma volonté ? À quatre as d’ici, je te la fais savoir. Tremble, tyrans, voici Dumanet qui s’avance… Sic volo, sic jubeo…

Le son de sa voix le grisait. Ses clameurs l’exaltaient. Tout son passé de vieux cabotin lui montait à la tête, et il jouait son rôle, comme il en avait joué tant d’autres, hâbleur, fanfaron, magnifique, insolent, bavard à la façon des héros d’Homère, grandiloquent comme un matamore de cape et d’épée, terrible, hargneux, sarcastique, se démenant, faisant face à tout, tuant, abattant, pourfendant. Un fusil ? Une baïonnette ? À quoi bon ! Joujou d’enfant ! Parlez-moi d’une rapière !

Cette rapière, il l’arracha des mains d’un officier, et il la brandit formidablement avec l’adresse étourdissante d’un spadassin.

— À moi, la botte secrète ! Coupé, dégagé, contre de quarte, battez le fer, et ça y est ! L’ennemi mord la poussière… Ah ! Satan, retourne d’où tu viens !… Et ce moulinet, qu’en fais-tu ?… Un moulinet de derrière les fagots, ce me