Page:Leblanc - Contes Heroïques, parus dans Le Journal, 1915-1916.djvu/69

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Alors il se jeta sur elle avec une violence inouïe, la renversa, la prit à la gorge, et, tout en la maintenant brutalement au risque de l’étouffer, de sa main restée libre il la ligota à l’aide d’une corde tendue d’un mur à l’autre, et sur laquelle on faisait sécher le linge.

Un moment, l’étreinte s’étant desserrée, elle lança dans la nuit un appel éperdu.

— Un cri de plus, et je t’étrangle ! proféra-t-il.

Attrapant un rouleau de fil de fer accroché près de lui, il l’étira et il enveloppa la malheureuse de ces liens rigides qui la martyrisaient.

Il se hâtait d’agir, comme s’il n’eût obéi qu’à l’idée obsédante et féroce de se débarrasser de sa femme à n’importe quel prix, et de poursuivre librement la besogne qu’il avait commencée. Et, de fait, il s’écarta aussitôt de Gilberte et courut jusqu’à l’autre bout de la terrasse.

Instantanément, sur un effort désespéré, elle réussit à tourner la tête de ce côté. De l’endroit où elle se trouvait, un pan de mur les séparant l’un de l’autre, elle ne le voyait point. Mais elle distingua tout à coup une faible lueur, qui s’alluma pour s’éteindre brusquement, et qui fut suivie d’une autre lueur, puis d’une troisième. Et, à chaque fois, elle percevait le bruit sec d’un déclic.