Page:Leblanc - Contes Heroïques, parus dans Le Journal, 1915-1916.djvu/84

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Par contenance et pour se rendre utile, elle se mit à ranger la pièce. Il y avait, accroché aux clous d’une planche, du linge grossièrement blanchi et, sur cette planche, une vieille culotte de velours encore toute raidie par la boue, Et il y avait, sur une table, deux chemises et un dolman. Les ayant soulevés, elle avisa, à côté d’une petite bouteille d’encre et d’un porte-plume, des feuilles de papier et une enveloppe qui étaient là comme si on avait voulu les dissimuler aux regards. Et, tout de suite, elle vit, d’un coup d’œil involontaire, l’adresse et les quelques mots inscrits, sur cette enveloppe.

« Pour remettre à ma femme, en cas d’accident. »

Si la lettre avait été cachetée, jamais Henriette n’eût eu la tentation de l’ouvrir. Mais la lettre n’était pas cachetée. Même une partie de la feuille, insuffisamment pliée, dépassait l’enveloppe, et cette feuille portait son nom à elle, son nom inscrit par Richard ! Comment résister ? Elle avait cette occasion unique de connaître un secret qui ne l’intéressait pas jusqu’ici, mais, qui, soudain, par suite des circonstances exceptionnelles, pre-