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Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/17

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L’homme mit sous les yeux de l’enfant le bijou. La petite, regardant l’objet qui lui rappelait son bonheur d’autrefois, se remit à pleurer.

— Dépêchons-nous, ma petite Stacia. Quand revient la femme ?

— Cette nuit !

— Où couches-tu ?

— Là-haut, toute seule. Et Stacia ajouta : J’ai peur toute seule, mais j’ai encore plus peur quand je suis avec elle.

— Alors, si tu dors seule là-haut, elle ne saura pas avant demain matin que tu es partie. Et à ce moment-là, nous serons loin ! Seulement, Stacia, il faut m’obéir, ne pas avoir peur, être bien courageuse… Tu es faible, malade peut-être, ma pauvre petite, n’est-ce pas ? Tu ne pourrais pas marcher longtemps ?

— Oh ! non.

Il rit gaiement.

— Et bien ! voilà, je te porterai, Stacia !

Il défit une de ses besaces, en tira un vaste sac de toile et dit à l’enfant, du ton qu’il aurait pris pour lui proposer un jeu amusant :

— Ma petite, tu vas entrer là-dedans et je te chargerai sur mon épaule. Comme cela, tu ne te fatigueras pas et tu ne seras pas mouillée par la neige. Maintenant, écoute bien, quoi qu’il arrive, ne bouge pas, ne parle pas, et n’aie peur de rien… Tu me le promets ?

— Oui, dit la petite avec résolution.

Quand l’enfant fut cachée sous la grosse toile où l’air entrait suffisamment pour qu’elle pût respirer, il la chargea, pliée en deux sur son