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Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/38

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Et la résolution de Nelly-Rose se trouvait ébranlée. Pour elle un peu, pour sa mère beaucoup, la situation lui paraissait en effet alarmante. Elle n’osait plus opposer à Valnais de refus définitif. La réalité impitoyable la ressaisissait. Elle savait que Mme Destol était favorable à l’idée de son mariage avec Valnais. Elle savait que, bientôt, elle-même ne pourrait plus dire non.

Une date lui semblait devoir mettre fin à ses hésitations. Mme Destol, pour oublier ses ennuis, ou pour se prouver à elle-même qu’ils étaient éphémères et sans importance, avait eu la triomphante idée de donner chez elle, en matinée, une grande fête. Valnais, consulté, avait adhéré avec enthousiasme à ce projet.

— Ce sera la fête secrète de nos fiançailles, dit-il à Nelly-Rose, d’un ton tout pénétré de tendre passion.

Nelly-Rose avait détourné la tête sans répondre. Hélas ! elle sentait bien qu’elle ne pouvait plus tergiverser. Et dès lors, Valnais, prenant ce silence pour un acquiescement, s’était avec ardeur occupé à organiser la fête. Il se chargeait du jazz, il se chargeait d’autres frais. Il s’entendit même avec les camarades de laboratoire de Nelly-Rose pour que ceux-ci fissent un numéro comique. La date de la fête fut fixée au 8 mai.

Ainsi, en ce même jour, Nelly-Rose devait prendre une décision à l’égard de Valnais et, par une coïncidence singulière, deux hommes, l’un qu’elle ne connaissait que de nom, l’autre qu’elle ne connaissait pas du tout, attirés par elle et par le désir de la conquérir ou de la voir, arrivaient à Paris…