Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/44

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Nelly-Rose, qui buvait son orangeade, protesta :

— Non, non, Valnais ! C’est trop pour moi. Je suis fatiguée et j’ai à travailler demain matin. Ne le dites pas à maman, mais je n’irai pas au bal des Boutillier et même je ne resterai pas à l’Opéra jusqu’à la fin. Je partirai vers dix heures.

— Je vous reconduirai, si vous le permettez ?

— Non, non, je n’ai besoin de personne, je prendrai un taxi.

Les danses recommençaient. Nelly-Rose quitta son compagnon et revint vers la galerie où était le jazz.

Gérard alors, jugeant le moment propice, s’avança vers la jeune fille et s’inclina respectueusement devant elle, la priant, sans parler, de danser avec lui.

Nelly-Rose leva les yeux et, confondue, faillit laisser échapper un cri de surprise. Dans le personnage vêtu avec une élégance recherchée qui la sollicitait ainsi, elle reconnaissait l’homme qui, tout à l’heure, dans la rue, l’avait défendue contre le chauffeur et lui avait fait rapporter le lilas.

Elle resta un moment stupéfaite, n’en croyant pas ses yeux. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Comment se trouvait-il là, chez elle ? Comment se permettait-il de la poursuivre ainsi ? Cette audace étonnait la jeune fille et l’irritait. Quel but caché poursuivait cet homme qui, impassible, avec un léger sourire un peu ironique, attendait ? Nelly-Rose hésita une seconde à accepter l’invitation, mais comment refuser sans provoquer un scandale ? Et puis cette audace, qui l’irritait, la sub-