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Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/59

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Que s’était-il passé ? Gérard avait la conscience irraisonnée, mais certaine, qu’une intervention de Baratof avait influé sur les actes de la jeune fille.

— Mais, dans quel sens, cette intervention ? se disait Gérard. Que compte-t-il faire ? Que signifie ce don de cinq millions répondant à l’incroyable engagement de la jeune fille ? Et le coup de téléphone de Nelly-Rose au Nouveau-Palace, sa promesse de venir le lendemain ?… Et, tout à l’heure, l’attitude de Baratof si bizarre et si louche ? Baratof a-t-il l’intention, avant demain ?… A-t-il agi, déjà ?

Gérard, précipitamment, revint à son taxi.

— Vite, retourne au Nouveau-Palace, ordonna-t-il à Ibratief.

Et, dès l’arrivée, il demanda anxieusement au bureau :

— M. Baratof n’est-il pas sorti ?

— Non, monsieur, M. Baratof est chez lui.

Gérard, soulagé, se jeta dans l’ascenseur et frappa. Baratof lui ouvrit.

Le Russe, en smoking, rasé de frais et tout imprégné du parfum capiteux et fade qu’il affectionnait, était visiblement prêt à sortir.

Gérard, en voyant la tenue de Baratof, avait eu un mouvement vite réprimé. De même Baratof, en voyant entrer Gérard, devait se contenir.

Une seconde, ils se regardèrent sans parler, et la colère, la haine, montaient en eux.

— Tiens, dit enfin Gérard gouailleur, tu sors donc ?

— Oui, si ça me plaît !

— Je croyais que tu étais las, que tu voulais te reposer.

— Comme je croyais que tu vou-