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— Mais, tu es folle, dit Nelly-Rose en haussant les épaules. Ce n’est pas sérieux…

— Si, si, c’est très sérieux et c’est très chic. Et je vais envoyer à ma revue France-Pologne un article sur toi avec les trois photos que tu m’as données pour l’illustrer.

Nelly-Rose rougit encore et rit.

— Xénia, je te prie de rester tranquille. Ce serait du joli. Alors, je deviendrais le gros lot qu’on met aux enchères ! Merci bien !

— Pourquoi pas ? C’est très chic ! Très moderne ! Du reste, je ne donnerai pas ton nom.

— Il ne manquerait plus que ça ! Non, voyons, reste tranquille.

— Et je mettrai comme base d’enchères un chiffre invraisemblable : cinq millions.

— Je te dis que tu es folle. Voyons, promets-moi… C’est convenu, hein ? Silence et discrétion…



II

« Vous êtes ruinée… épousez-moi. »


Mme Destol, sans attendre sa fille, avait quitté la première la salle du comité.

Quand Nelly-Rose remonta dans sa petite auto pour regagner à son tour l’appartement de l’avenue du Trocadéro, elle était encore sous l’influence de la surexcitation de la séance ; elle se calma pendant le trajet, et c’est avec une allégresse tranquille qu’elle entra dans le grand salon où se trouvaient sa mère et, autour de la table de bridge, les quatre inséparables que la jeune fille appelait les trois mousquetaires.

Mme Destol achevait de raconter la séance du comité et principalement l’incident soulevé par la déclaration irréfléchie de Nelly-Rose.

Trois des auditeurs, messieurs d’âge mûr, riaient. Le quatrième, Justin Valnais, ne riait pas, lui.