Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/95

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À la même heure, à la Pension Russe, Gérard achevait sa toilette. Avant de mettre son veston, il alluma une cigarette et prenant le vêtement qu’il portait pendant la nuit, d’une poche intérieure il retira une pochette gonflée de papiers.

S’asseyant, en bras de chemise, devant sa table, il enveloppa cette pochette dans un papier fort qu’il ficela, puis cacheta, au nœud de la ficelle, avec de la cire rouge prise dans sa valise et qu’une allumette bougie lui permit de faire fondre. Ensuite, il inscrivit une adresse sur un papier qu’il glissa dans une enveloppe. Cela fait, il sonna le garçon.

— Demande au patron de venir me voir, lui dit-il.

Deux minutes après, le patron paraissait.

— Bonjour, Yégor, lui dit Gérard. Ça va bien ?

— Et toi ? L’histoire de cette nuit ?

— Quelle histoire ?… Ah ! Les ivrognes… Pfut !

— Tu sais qu’on est venu se renseigner sur… sur la dame qui était avec toi… Oui, c’est une dame pas mal plus âgée qui est venue, et un jeune homme… Ils voulaient monter ici…

— Et alors ?

— J’ai dit que tu étais parti avec… avec elle.

— Parfait. Maintenant, Yégor, attention. Je te confie ce paquet. Il est d’une grande importance pour moi. Tu vas l’enfermer dans ton coffre-fort, sans que personne le sache. Tu entends, tu n’en parleras à personne au monde, pas même à ta femme. Tu me le jures ?

— Je te le jure, dit gravement le Russe.

— Et tu ne le remettras à personne qu’à moi… ou à quelqu’un qui t’apportera ma carte avec ma signature. Ma carte au nom de Gérard,