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et signée Gérard. Dans huit jours, si tu ne reçois de moi aucun contre-ordre, tu le porteras à l’adresse qui se trouve dans cette enveloppe. C’est bien compris ?

— Tu peux compter sur moi.

— Merci, mon vieux.

Le patron mit le paquet dans sa poche et redescendit.

Dans la cour, il trouva sa femme, une Française, qui parlementait avec deux inconnus.

— Ces messieurs demandent M. Gérard, lui dit-elle.

— Eh bien, mais il faut le faire prévenir.

— Pas la peine, dit l’un des visiteurs, d’une voix traînante. Dites-nous où est sa chambre, nous allons monter. Nous sommes des amis, il nous attend.

Le patron eut une hésitation, mais il ne pouvait refuser l’indication à ces visiteurs en qui il pressentait vaguement des policiers. Il les renseigna, et, pendant qu’ils s’engageaient dans l’escalier de la cour, il regagna vite son bureau et, loin de tous les yeux, enferma dans son coffre-fort le paquet de Gérard.

Gérard mettait son veston quand on frappa à sa porte.

Qui était-ce ? Les sujets d’inquiétude ne lui manquaient pas, et il éprouva une impression de satisfaction en se disant que les papiers étaient en sûreté.

Il alla ouvrir. Deux inconnus stationnaient sur le palier.

— Monsieur Gérard ? demanda l’un d’eux, grand et roux.

— C’est moi, que désirez-vous ?

— Ben voilà… Vous connaissez bien un certain M. Baratof ?

— Oui. Pourquoi me demandez-vous cela ?

— Pour savoir. Je suis l’inspecteur principal Nantas, de la police judiciaire. M. Baratof a été trouvé assassiné cette nuit.

Gérard sursauta :

— Assassiné ? Baratof assassiné ?

— Ben oui, assassiné.

— C’est effroyable ! Assassiné ! Un homme vigoureux, courageux comme lui…

Gérard soudain s’interrompit. Il était très pâle. Le visage contracté, le regard fixé à terre, il garda un moment le silence. De ses yeux fouilleurs, Nantas l’observait.

— Où a-t-il été assassiné ? demanda Gérard d’une voix sourde. On connaît l’assassin ?

— On le connaîtra. Le cadavre a été trouvé au Nouveau-Palace. Nous aurions besoin de petits renseignements sur M. Baratof, oui, de petits renseignements… Alors, comme nous savons que vous étiez un de ses amis… un de ses bons amis… on vous prie de venir là-bas…

Comment la police avait-elle appris qu’il connaissait Baratof ? Gérard ne se le demanda même pas.

— Il faut que j’aille là-bas avec vous ? dit-il.

— Oui. Vous comprenez, on a be-