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mon amie, madame rollet

Et rendant d’innombrables vendredis, le campagnard savoura le charme de ces soirées. Ces quelques heures lui semblaient délicieuses. Il se croyait chez lui, ces meubles étaient à lui, cette femme lui appartenait, à lui seul.

Il avait pour elle des élans d’amour.

— Que ne puis-je vivre avec toi ! disait-il, envahi par toutes les petites jouissances matérielles qu’elle lui procurait.

Et quoique « regardant », il ne regrettait pas le billet de cent francs, plié en quatre, qu’il déposait le samedi sur la coupe de la cheminée.

Puis cette liaison l’enorgueillissait. Il en tirait à Beuzeville, auprès de ces messieurs de l’hôtel de France, un relief énorme. À chacun d’abord, en grand secret, il avait confié son aventure, vantant les qualités exceptionnelles de « son amie, Mme Rollet », sa parcimonie, son attachement incomparable. Mais cela ne lui suffit pas, et il raconta l’histoire de sa conquête, ouvertement. En plein café, il décrivait l’appartement de sa maîtresse, citait des phrases de Joséphine, exhibait le menu de ces repas succulents qu’elle lui confectionnait.

Bientôt on parla d’elle comme d’une personne