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la fortune de m. fouque

Caux, avait la réputation d’un homme capable, d’un homme entendu pour tout ce qui touche au bâtiment. Mais il était établi qu’en dehors de ses affaires il ne savait pas se conduire. On lui refusait les qualités indispensables à l’homme de bonne société, le tact, le goût, la mesure.

— Fouque est un garçon de valeur, disait-on de lui, un piocheur, une maison solide, mais ça n’a pas d’usage, ça ne se doute pas de ce que c’est que la vie.

Le plus souvent on n’en parlait point. On lui accordait la quantité d’estime qui correspond à dix mille francs de rente, mais il n’occupait pas le rang auquel une pareille fortune permet d’aspirer. Boulard, le pharmacien, qui pourtant tenait une boutique et ne possédait que six mille livres, jouissait évidemment d’une considération plus grande.

Au résumé, M. Fouque manquait de surface. D’une taille exiguë et d’un esprit étroit, il prenait dans le monde aussi peu de place que dans l’air. Son petit corps, ses petits bras, ses petites jambes, ses petites idées, en faisaient un de ces individus secondaires qui passent inaperçus, et chez lui, avec sa femme, ainsi qu’au cercle, avec