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les époux dumouchel

menade au square Solférino ou à la Bourse, suivant l’endroit où se tenait la musique militaire, remplissaient les dimanches.

Et chaque semaine recommençait identique, et les mois s’ajoutaient aux mois sans rien de nouveau. Une excursion tous les printemps à Pont-de-l’Arche, chez les Domer, un voyage à Dieppe, deux changements de cuisinière, une augmentation de traitement, trois brouilles suivies de trois réconciliations avec la tante Roussel dont l’âge altérait l’humeur, une entorse de Dumouchel, et, dans les dernières années, l’adoption d’une chatte trouvée à leur porte, marquèrent seuls cette période.

L’aisance où ils vieillissaient les engourdit. Elle glaça leur cœur, elle les rendit mauvais, impitoyables pour les misérables, féroces pour tous ceux qui troublaient leur existence. Ils croupirent auprès de leur chatte Mousseline, comme elle gras, béats, insouciants. Ils devinrent les esclaves de leurs tics. Leurs manies firent partie d’eux-mêmes comme leurs bras et leurs jambes.

Accoutumés à ce geste, à cette commodité, à ce meuble, à ce quartier, à cette tournure de