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les époux dumouchel

Ils causèrent à voix basse et soudain, pendant le silence qui soulignait un coup décisif, on entendit le beau Lamare soupirer :

— Je suis pincé. Vous avez enchaîné le vagabond !

Les rires éclatèrent. Dumouchel lui-même se tenait les côtes : « Ce farceur d’Aristide, est-il cocasse ? »

À onze heures, la bonne servit le thé et les gâteaux secs. François remplit de friandises les poches de Mme Lormier.

— Prenez, prenez, c’est pour vos amours d’enfants. Embrassez-les de ma part. Vous avez de la chance, vous autres. Nous, c’est notre grand chagrin, nous serions si heureux !

Les invités se retirèrent. Restés seuls, les Dumouchel éteignirent les bougies et bavardèrent un instant. Ils se plaisaient toujours à échanger leurs impressions sur la soirée, à savourer aussi longtemps que possible la joie que leur procuraient ces réunions.

— Ce n’est rien, ces petites fêtes, disait Français, eh bien, tu ne sais pas comme ça nous pose ! À la mairie, mes collègues feraient des bassesses