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les époux dumouchel

pour y assister. Mais je ne veux que du monde choisi.

Ils montèrent. Leur chambre, située au-dessus du salon, avait l’aspect froid des pièces vides. À l’époque de leur installation, ils avaient acheté un lit, deux chaises et une toilette-commode, se proposant de compléter peu à peu ce mobilier. Mais l’embellissement du salon absorbait sans cesse l’argent qu’ils mettaient en réserve.

François, prestement déshabillé, se coucha. Berthe ôta sa robe, ses jupons et les accrocha soigneusement, les jupons sous la robe, à une tête de porte-manteau clouée près de la fenêtre. Puis elle dégrafa son corset. Sa poitrine, libérée des baleines, tomba d’un bloc. Elle eut un soupir d’allégement, car, le samedi, elle se serrait davantage. Se posant ensuite devant la glace, elle enleva son chignon. Elle avait de rares cheveux qu’elle nattait et cachait sous un bonnet de toile. Sa coiffure finie, elle défit ses bottines, ses bas, son pantalon, et changea de chemise. Chaque soir, elle exécutait ces choses de la même manière, avec l’inconscience d’un soldat qui exécute une manœuvre. Elle n’aurait pu sans une souffrance réelle, sans la crainte sourde d’un