Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
les époux dumouchel

Ils s’adressèrent au bureau de placement et choisirent une fille-mère dont l’aspect pauvre et timide les séduisit. Néanmoins elle réclama cinquante francs par mois, le linge et l’habillement, ce qui leur parut exorbitant. Elle ne démordit pas de ses prétentions et ils durent y souscrire.

— Dis donc, ma bonne amie, soupira François, elle nous ruinera, ta gosse.

Elle eut un mouvement de colère.

— Pour ça oui, elle nous ruinera. Et puis nous n’aurons pas toutes nos aises.

Condamnée à l’inaction, elle rêvassait, le cerveau encombré de pensées lugubres, de visions attristantes. Elle s’avouait que leurs conditions d’existence n’étaient plus les mêmes, et elle en voulait à sa fille d’avoir causé ce changement. D’ailleurs elle n’éprouvait pas pour elle cet immense amour qu’elle s’attendait à ressentir, n’ayant participé à cet enfantement ni par les poussées qui aident la nature, ni par les efforts de tout l’être qui mettent au monde.

Elle ajouta :

— Nous ne pouvons pas nous le dissimuler, le passé ne reviendra jamais.