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les époux dumouchel

pas, mais revint à la charge à tout moment. De guerre lasse elle congédia la servante.

Ainsi chaque jour amenait un changement, chaque semaine une transformation dans leur manière de vivre. Mais aussi chaque jour accroissait leur mauvaise humeur, chaque semaine décuplait leur rancune. Et, farouche, le couple assistait à se désarroi de ses coutumes, à cette débâcle de ses distractions, à cet avortement de ses espérances, l’esprit obstinément fixé sur l’enfant, l’enfant gêneur, absorbant, cause première de toutes ces catastrophes.

Pas un détail que ne modifiât sa présence, pas un plaisir qui résistât à ce trouble-fête ! Finies les longues nuits reposantes : dès l’aurore on se levait en hâte, et François filait au marché. Plus de précision dans l’heure des repas ; on mangeait au hasard, quand la soupe était chaude. L’estaminet ? Supprimé : la bourse n’autorisait pas une telle dépense. Le plus souvent, plus de besigue, le soir : est-ce qu’on avait le loisir de jouer aux cartes ? Le samedi, plus de réceptions ; le dimanche, plus de promenade.

Plus d’amour même : la peur de mettre au monde un autre Dumouchel qui achèverait leur