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les époux dumouchel

ruine, qui engloutirait leur dernier centime, cette peur tuait leurs désirs, et ils restaient aux bras l’un de l’autre, inertes, impuissants.

Donc plus rien, plus une bribe du passé qui ne fût anéantie !

— Maintenant, gémissait François, M. et Mme Dumouchel sont leurs propres domestiques. M. Dumouchel, employé à la mairie, manie le balai ; Mme Dumouchel, une demoiselle Chemin, fait la cuisine. En un mot, ils travaillent, ils se servent de leurs mains comme des artisans !

À ce régime, ils maigrirent et perdirent leur aspect de bourgeois cossus, de gens qui ont de quoi.

Et pendant ce temps, la petite engraissait, et la nourrice, énorme, plantureuse, n’avait d’autre peine que de se laisser traire et de laver quelques linges. Le spectacle de cette nonchalance les exaspérait. Pour qui, somme toute, compromettaient-ils leur santé ? N’osant pas encore accuser ouvertement l’enfant, ils s’en prenaient à la nourrice et la harcelaient d’observations et de reproches.

— Je me demande un peu, disait Berthe, ce que fiche cette fainéante ! Elle mange notre pain,