à cinquante centimes, et les piles de soucoupes s’entassaient auprès de lui.
Un samedi soir, il ne rentra pas. Toute la nuit, Berthe l’attendit, anxieuse, penchée à la fenêtre, épiant les moindres bruits. Une heure, deux heures, trois heures sonnèrent. Enfin au point du jour, elle l’aperçut qui débouchait avenue Jeanne-d’Arc, décrivant des zigzags en chantant d’une voix avinée.
Elle courut à sa rencontre et lui empoigna le bras :
— Silence, malheureux, les voisins vont t’entendre.
Il se tut un moment, se laissa conduire, mais dans la chambre il entonna à plein gosier un refrain à la mode. Elle lui appliqua sa main contre la bouche, murmurant :
— Tais-toi, je t’en prie, tu vas réveiller Céline.
Il éclata de rire et, la bouche pâteuse, les yeux vagues, les jambes molles, il bégaya :
— Céline ? Ah ! elle est bien bonne, celle-là… Comment veux-tu ?… je l’ai lâchée… il n’y a pas une heure… et j’te réponds qu’elle ne dormait pas…
Elle le regarda, stupéfaite. Il continua :