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les époux dumouchel

— J’ai voulu vous assister moi-même pendant cette cérémonie pénible, dit-il.

Dumouchel, touché, accepta l’appui de son bras.

Au bord de la tombe, le prêtre débita d’une voix distraite quelques paroles attendries ; puis Turpin, qui excellait en ces sortes d’allocutions, rappela le regret qu’inspirait jadis aux Dumouchel la stérilité de leur ménage :

« Nous tous qui les fréquentions, nous pouvons en témoigner. Ils avaient certes, ceux-là, tout ce qu’il faut pour être heureux. Mais non, un désir les rongeait, ce désir, hélas ! qui est le triste apanage de nous autres célibataires ; ils souhaitaient au milieu d’eux une petite tête blonde dont les ris et les ébats égayeraient le logis. Elle est venue, cette tête blonde, l’objet de leurs vœux, ils ont goûté un moment de félicité suprême, et puis Dieu, jaloux sans doute, a brisé d’un souffle le fil fragile qui reliait l’enfant à cette vallée de misères. Pauvre père… pauvre mère… »

La douleur de Dumouchel faisait mal. Lormier fut obligé d’appeler à son aide le beau Lamare. On conduisit l’infortuné dans la maison