Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
201
les époux dumouchel

du gardien où Berthe l’attendait, et Mme Lormier leur offrit à déjeuner avec tant de gentillesse qu’ils ne purent refuser.

Les époux mangèrent de bon appétit, ce qui enchanta leurs hôtes.

— Que voulez-vous, déclara François, ça creuse.

Au dessert, Lormier sortit et rapporta une bouteille de vieux bordeaux qu’il traitait avec le respect dû aux choses précieuses.

— Elle provient, racontait-il, d’un lot de douze douzaines de bouteilles que m’a léguées un vieil original, ivrogne endurci, à trois conditions : la première, c’est qu’elles seraient enfermées dans son propre caveau, pleines ou vides ; la seconde, que je ne serais jamais seul à les boire, et la dernière que je les boirais toutes pour le repos de son âme.

L’anecdote dérida les fronts, le vin délia les langues. À chaque verre Lormier prononçait et les convives répétaient :

— Pour le repos de l’âme de défunt Chaudard.

Vers trois heures, François proposa à sa