Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
un amour

quittant en plein bonheur, sous un prétexte quelconque, alors qu’elle se livrait, elle, sans souci du lendemain, l’âme et la chair conquises pour la vie. Cela durait depuis quinze mois ; quinze mois seulement, en si peu de temps s’était dissipé son amour, à lui !

Soudain l’indélicatesse que M. Terrisse avait commise en entrant dans sa chambre, le cigare à la bouche, lui traversa l’esprit et la reporta aux premières années de son mariage. Elle se remémora des grossièretés semblables, des manques de tact inconscients chez cet homme de race moins fine qu’elle, des froissements auxquels elle attribuait le refroidissement progressif de leurs rapports. Une fois de plus, elle s’énuméra tous ses griefs contre lui, autant d’excuses que, par moments, elle croyait devoir à sa faute.

Et sa pensée, inévitablement, revint à Jacques. Un jour, son mari le lui amenait du cercle, et de suite, elle aimait le jeune homme, dont elle devinait la nature inquiète et malheureuse.

Et des choses très douces la hantèrent. Elle se donna l’âcre jouissance de reprendre les débuts de cette liaison, elle évoqua Jacques, pendant les soirées d’hiver, assis sur la chaise basse, à