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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/274

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le fils aux duramé

Il accourut. Césarine affolée se débattait sous le buffet, le vieux buffet branlant qui s’était abattu sur elle. Il dégagea sa femme et redressa le meuble.

Alors, parmi les assiettes brisées, il aperçut quelque chose d’informe, d’étrange. Il se courba. C’était le petit Marcel, frappé à la tête, mort. Son sang coulait.

Duramé recula, muet d’épouvante, les yeux hagards. La table, que ses mains rencontrèrent, l’empêcha de tomber. Ses lèvres, agitées d’un tremblement nerveux, bégayèrent : « L’argent… l’argent… »

Mais il entendit Césarine qui geignait dans un coin, blessée elle aussi. Une rage le prit et il se rua sur elle :

— Salope, va, canaille, c’est d’ ta faute à té, prop’ à rien, qu’èq’ tu foutais donc ?

Il la battit à grands coups de poing, puis il s’assit à côté d’elle et ils se turent. Un quart d’heure s’écoula. Ils pensaient à peine, le cerveau détraqué par la douleur. De temps à autre seulement l’un d’eux murmurait : « Mort… mort… » et ce mot signifiait tout pour eux, la rente sup-