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la fortune de m. fouque

vail. M. Fouque l’entrepreneur, le maître de trente ouvriers, le propriétaire d’une maison en ville et de trois fermes à Saint-Wandrille, tout cela trompé ! C’était moins le mari qui se trouvait atteint que le chef de famille, le commerçant, le membre du cercle de l’Union.

Il se sentait humilié comme un enfant qu’on fouetterait en place publique. « Moi. M. Fouque, trompé, moi ! » Il répétait cette phrase sans la comprendre, tant cela lui semblait une impossibilité ! Qu’un autre le fût, soit, mais lui, M. Fouque !… Il conçut moins d’estime pour lui-même et, se jugeant avec plus de sévérité, il accepta plus facilement le rang secondaire où le monde le reléguait.

Il traversa Caudebec, gagna le bord de la Seine, mais, préférant éviter le cercle, il remonta par la place de l’église jusqu’à la route de Villequier. À gauche il dominait le fleuve qui coulait au bas des vergers, à droite des bois grimpaient sur la colline. Il s’y engagea pour se cacher.

Il avait envie de pleurer, de se tordre les mains, de se casser la tête. Qu’allait-il devenir maintenant ? Tous devaient savoir ou sauraient son infortune. Il serait la fable de la ville, la