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la fortune de m. fouque

risée de ses collègues, et il devinait le silence moqueur, coupé de chuchotements, qui accueillerait ses entrées. Comment désormais conquérir ce rôle prépondérant qu’il aspirait à tenir ! Il n’y avait plus à tenter la lutte, car son effacement s’augmenterait de tout le ridicule du mari trompé.

De cela surtout venait sa rancune contre sa femme. Il lui avait tout donné, à l’ingrate, l’argent, la considération, le bien-être, le luxe. Il l’avait tirée de sa boutique pour en faire une dame, et elle se permettait d’élever un obstacle entre lui et le but convoité. Elle le récompensait de sa générosité en lui interdisant l’accès des honneurs et des postes qu’il pouvait briguer légitimement.

Et ce Ferrand, son camarade, le seul qui montrât de la déférence envers lui, ce vieux Ferrand que souvent, au sortir du cercle, il prenait par le bras et emmenait dîner à la fortune du pot ! Il l’aimait comme un frère au point de lui confier ses déboires et ses espérances. Et c’était celui-là que sa femme choisissait pour entraver son ambition et briser sa carrière.

Il ne forma d’ailleurs aucun projet de ven-