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la fortune de m. fouque

sourire qui éclairait son visage, sans l’altérer, sans plisser la bouche, sans déranger les joues ni le menton.

Cependant M. Fouque regrettait d’être seul à savourer ce Pontet-Canet, et le désir le prenait d’en offrir à Julie. Il n’osait pas, embarrassé. Enfin il murmura :

— En veux-tu ?

Elle accepta et tendit son verre. Alors il vida la bouteille, et tous deux burent ensemble.

Quand ils eurent fini, il soupira :

— Fameux vin !

Et elle ajouta :

— Délicieux.

Ils se turent. La bonne versa le café, tira d’une armoire les flacons de cognac et de liqueurs, et sur l’ordre de madame, présenta à monsieur la boîte de cigares que Julie réservait aux invités.

La nuit arrivait. Dans l’ombre les bruits se précisèrent. On entendit le saut d’un poisson, puis des bruits lointains que transmettait le fleuve sonore, des aboiements, le trot d’un cheval, des appels d’une rive à l’autre.

M. Fouque rêvassait, engourdi, la chair satisfaite, le cerveau trouble. Un bien-être amollissait