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la fortune de m. fouque

ses membres. Ses paupières papillotaient. Il ne se souvenait pas d’un dîner aussi fin, aussi succulent.

La bonne, qui commençait de desservir, secoua sa torpeur. Il quitta la table et se dirigea vers la fenêtre. La fraîcheur de la soirée acheva de le réveiller. Il observa Julie et il sentit que l’explication ne pouvait tarder davantage.

— Victorine, laissez-nous, ma fille, dit-il.

Puis il médita sur la ligne de conduite qu’il devait adopter ; mais, ne sachant à quoi se résoudre, il pensa qu’il serait toujours d’un bon effet de ne pas tutoyer sa femme, et il débuta gravement :

— Après ce qui s’est passé tantôt, madame, vous comprenez qu’un entretien est nécessaire entre nous… Je ne qualifierai pas votre action, les mots me manqueraient pour vous peindre mon mépris… Vous avez souillé mon nom et taché de boue mon honneur. Tout le monde connaît déjà votre infamie… Donc j’ai le droit de vous punir, et je pourrais vous dénoncer à la justice, vous tuer même… J’ai préféré autre chose.

Il s’arrêta, cherchant cette autre vengeance