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la fortune de m. fouque

« blonde Phœbé », suppliait les nymphes et les sirènes de surgir du sein des ondes, tandis que Julie, cédant au flot de poésie qui l’inondait, tremblante, les yeux à la dérive sur le grand fleuve fuyant, pleurait le Lac de Lamartine.

Et le soir, quand ils se quittaient au seuil de la chambre conjugale, leurs mains s’étreignaient avec découragement, et une mélancolie douloureuse emplissait leurs regards.

Vers la fin de l’été, le cercle de l’Union organisa une partie de campagne aux ruines de Jumiéges. Dès le matin, on s’entassa dans des breacks et des calèches de forme surannée que ces messieurs conduisaient eux-mêmes. Chacun d’eux s’était réservé le droit de prendre à ses côtés une de ces dames, à sa convenance.

Du haut de sa voiture — véhicule étrange, moitié Victoria, moitié cabriolet — l’entrepreneur interpella la directrice des postes, une grosse personne assez joviale qui, sans que l’on sût pourquoi, s’aplatissait la poitrine dans un corsage étriqué.

— Si vous le permettez, je vous enlève, mademoiselle Berthout.

— Certainement, monsieur Fouque.