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la fortune de m. fouque

Cela lui constituait sur ces messieurs une supériorité qu’il ne dédaignait pas.

Et peu à peu une gêne délicieuse s’établit entre les deux époux. Il existait dans leurs rapports comme une coquetterie de jeunes amoureux qui se courtisent inconsciemment. Sous le regard de M. Fouque Julie se troublait, rougissait, minaudait avec des timidités et des gentillesses enfantines. S’il entrait dans sa chambre, elle se couvrait, effarouchée, envahie d’une pudeur de vierge.

Lui, il avait de ces attentions délicates qui touchent le cœur d’une femme. Aux champs, il composait des bouquets en choisissant les fleurs qu’elle préférait, les marguerites et les coquelicots. De Rouen, où ses affaires l’avait appelé, il lui rapporta une bague qu’elle convoitait depuis longtemps.

Mais leurs joies les plus douces prenaient la lune comme témoin. Ils s’en allaient le long de la Seine, serrés tendrement l’un contre l’autre, silencieux comme des ombres. Puis ils s’asseyaient sur la berge, les pieds pendant au-dessus des roseaux, et ils rêvaient. Parfois M. Fouque, assailli de réminiscences mythologiques, invoquait la